Salimou BAMBA (Dg de l’Agence Côte d’ivoire PME)

Nouveau fer de lance des entreprises, l’Agence Côte d’Ivoire PME, est à la tâche dans l’accompagnement et le développement des Petites et moyennes Entreprises. Salimou BAMABA, Le Directeur général de la structure créée par la loi de réforme du secteur des PME en 2014, fait le point de ses activités dans une interview.

Comment se porte l’Agence Côte d’ivoire PME, un an après votre prise de fonction ?
Après 12 mois d’activité, l’Agence Côte d’ivoire PME se porte très bien. Nous sommes en fonction depuis le 30 octobre 2017. Il nous a fallu presque six mois pour trouver des locaux adéquats et installer nos équipes opéra­tionnelles. L’Agence soutient déjà l’écosystème entrepre­neurial. Elle va intervenir prin­cipalement sur les questions liées à l’accès aux marchés publics, au financement des Pme, à l’entrepreneuriat, à l’in­novation, au renforcement des capacités des Pme et enfin au climat des affaires. Ce sont des éléments très importants. Aujourd’hui, si vous prenez la question du financement et de l’accès au marché, l’Agence lance une étude sur la question de la commande publique afin de doter le gouvernement d’un outil d’aide à la décision qui puisse permettre de suivre, en temps réel, le respect de l’ob­jectif de 20% que nous nous sommes fixé pour l’accès des Pme à la commande publique. Au niveau de la sous traitance manufacturière, l’Agence, avec l’appui des partenaires tech­niques internationaux, lance une étude aussi pour une meilleure gestion de la sous traitance manufacturière en Côte d’ivoire. Au niveau de l’accès au financement, l’Agen­ce appuie les initiatives du mi­nistère, c’est le cas du projet Baci qui est de 5 milliards de FCfa. L’Agence est en première ligne en ce sens qu’elle reçoit les femmes entrepreneures dé­sireuses de participer à ce projet en les aidant à constituer les dossiers et en leur donnant des formations lorsqu’elles obtien­nent le financement pour leur projet. Ce sera le même process avec le programme Coris Banque. Aujourd’hui, la marque Agence Côte d’ivoire Pme existe, elle est sur le mar­ché. Cette marque est respectée. Nous recevons dans nos locaux l’ensemble des partenaires éco­nomiques et financiers qui ont de l’intérêt à connaître nos projets et programmes. Cela leur permet de voir nos diffé­rents progrès. Nous sommes en relation avec différentes institutions financières. Nous disons que 2019 devra manquer un virage important dans le processus de maturité institu­tionnelle de l’Agence.

Ou ‘est-ce qui a motivé réellement lu création de l’Agence Côte d’ivoire PME, n’est-ce pas une initiative de trop ?

Cette réaction est souvent celle de certains acteurs de l’écosystème que nous rencontrons. Mais sachez que ce n’est pas le cas pour l’Agence Côte d’ivoire PME. Elle a été créée par la loi n°2014-140 du 24 mars 2014 portant orientation de la politique nationale de promotion des PME. L’Etat s’est rendu compte que ses ef­forts étaient dispersés à travers une série d’interventions. Il a donc décidé désormais d’avoir un interlocuteur unique qui est l’Agence Côte d’ivoire PME. Nous comprenons aujourd’hui que les réactions des uns et des autres soient dubitatives, mais nous sommes contents de voir que les Pme qui nous côtoient se rendent progressi­vement compte de notre im­portance. Nous sommes dé­sormais l’interface entre l’Etat et les acteurs du secteur privé. Notre mission est de propulser les Pme ivoiriennes vers le succès en leur offrant une ex­pertise de classe internationale en vue d’une croissance inter­nationale et inclusive. On en­tend souvent dire que l’Etat ne met pas en œuvre tous les textes de loi qui sont pris. Mais l’Etat se dote désormais d’une agence d’exécution, qui est un acteur avancé sur le terrain et qui travaille au quotidien avec les Pme. Les Startups, les in­cubateurs pour pouvoir trans­crire sur le terrain l’ensemble des décisions prises. Nous ne sommes donc pas un acteur de trop et les bénéficiaires de nos programmes se rendent rapidement compte que nous tenons une place essentielle.

Combien d’entrepreneurs ont-ils bénéficié de vos programmes ?
Pour cette année 2018, nous n’avions pas de ligne de sub­vention directement dédiée aux Pme. A ce jour, nous avons rencontré 400 Pme que nous avons accompagnées à divers degrés. Ce nombre est large­ment insuffisant. La Côte d’ivoire est vaste et Abidjan n’en constitue qu’une partie. Notre défi, c’est de toucher l’intérieur du pays également au travers de partenariats et de maillage que nous com­mençons à bâtir.

La facilitation dans l’obtention de prêt pour le financement des Pme fait-elle partie de vos ser­vices d’accompagnement ?
Bien sûr. Lorsqu’une entreprise nous approche, et que nous sommes capables de l’aider à monter son projet et à bien le profiler, nous pouvons la mettre en relation avec des guichets, tels que la Baci et Coris Banque. Nous pensons que nous y arrivons. Nous sommes en négociation avec des par­tenaires qui sont favorables à la mise en place d’autres mé­canismes d’accès aux finan­cements. Nous sommes en dis­cussion avec trois à quatre banques pour 2019 en vue de pouvoir augmenter l’offre.

Combien de Pme formellement constituées existe-t-il en Côte d’ivoire ?
En termes de chiffres, l’on pour­rait parler d’une centaine de mille de Pme. Mais il faut dire qu’il y a un secteur informel qui est très vaste. Notre défi, c’est de mettre en place des stratégies afin que ces entreprises qui sont encore dans l’informel basculent dans le formel. Et nous savons que c’est un très grand défi en ce sens que nous, ne disposons pas d’informations suffisantes sur certaines d’entre elles. Notre défi sera d’accom­pagner toutes les entreprises qui veulent se formaliser et cette démarche nous permettra pro­gressivement d’avoir une idée nette du nombre d’entreprises de l’écosystème.

Aujourd’hui les Pme se plaignent des difficultés d’accès aux marchés publics. Etes-vous conscient de cela ? Si oui, qu’est-ce que vous envisagez de faire ?

La question de l’accès des Pme aux marchés publics n’est pas spécifique à l’Etat de Côte d’ivoi­re. Quand vous prenez les pays développés, ce même problème se pose. Nous sommes conscients que c’est une préoc­cupation majeure. En ce sens que le premier marché des Pme pourrait être constitué des mar­chés de l’Etat. Conscient de cette réalité, l’Etat de Côte d’ivoi­re, depuis 2015, a mis en place des dispositions qui stipulent que 20% de la commande pu­blique soient réservés aux Pme. Nous sommes d’ailleurs préoc­cupés par cette question que nous évoquons dans nos dis­cussions avec les acteurs du secteur privé. Le défi pour nous aujourd’hui en tant qu’Agence est de continuer à soutenir les Pme, notamment en termes de renforcement de capacités, de sorte à ce qu’elles soient suffi­samment bien outillées et struc­turées pour répondre à toutes les offres. Il est de notre res­ponsabilité d’apporter l’accom­pagnement nécessaire aux Pme afin qu’elles soient compétitives et puissent bénéficier des projets.
Quelle est la part des marchés publics attribués aux Pme ?

Les chiffres existent au niveau de la Direction des marchés publics (Dmp). Pour l’année 2017, les chiffres officiels font état de 42%. C’est une tendance qui est assez lourde. Nous sommes dans l’attente des  chiffres de 2018 pour voir com­ment cette tendance a évolué. Le défi qui se pose au niveau de ces marchés, c’est le délai de paiements. Les Pme estiment que les factures sont payées avec beaucoup de retard. Fort heureusement que l’Etat a mis en place un instrument, qui est un cadre de concertation entre le Trésor, les banques et diffé­rents acteurs institutionnels. L’Agence Côte d’ivoire Pme est membre de ce cadre insti­tutionnel. Elle travaille, à cet effet, à identifier les causes de ces difficultés et, bien sûr, à offrir des solutions qui permettent d’accélérer le paiement.

Quelle est la contribution des Pme au PIB ?
La part des Pme au PIB ivoirien se situe autour de 20%. C’est un taux assez faible. Quand vous prenez des pays comme le Kenya, la part des Pme se situe autour de 30%. Dans les pays d’Amérique latine, la contri­bution est autour de 45%. Dans les pays de l’OCDE, nous sommes à 50%. En Côte d’ivoi­re, les Pme constituent 98% des entreprises privées. Cela révèle le faible niveau de productivité voire de compétitivité de nos Pme, parce que l’entrepreneur qui crée sa Pme a parfois besoin d’assistance. Il n’a pas toutes les compétences pour rendre l’entreprise compétitive. Parfois c’est l’outil de production qui est rudimentaire ou désuète. Dans certains cas, ce sont les employeurs qui n’ont pas toutes les compétences. Au final, la productivité est faible. Le défi aujourd’hui est de voir comment renforcer les capacités des Pmi pour qu’elles soient plus productives et compétitives. Ainsi elles seront capables de faire face à la concurrence interne et externe.

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